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08/05/2018

CÔTE D'AZUR: DÉCOUVREZ SES CHÂTEAUX !

Découvrez les châteaux du Moyen-âge de la Côte d’Azur, dans un magnifique livre en forme de guide, élaboré par l’historien Edmond ROSSI. 140 sites recensés dans les Alpes Maritiùes. 

PRÉSENTATION

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité !

De la Provincia de la fin de l’empire romain à la Provence

annexée au Royaume de France de Louis XI.

Les Alpes-Maritimes – ou Provence orientale – ont certainement, plus que tout autre région, enduré cette longue période. Sans compter les invasions barbares et, l’histoire de cette Provence orientale est tumultueuse en diable : ballottée au gré des ambitions exacerbées des comtes de Provence, des comtes (puis ducs) de Savoie, de la République de Gênes, au fil des guerres de conquête ou de reconquête, des épidémies dévastatrices, des razzias des pirates, sa population et sa noblesse locale – qui se pense sérieusement et incorrigiblement libre de tout lien de vassalité —, vont développer un incroyable maillage de châteaux et de contre-châteaux.

Le sensationnel hold-up territorial que réalise le comte de Savoie à la fin du XIVe siècle, lorsque le Comté de Nice se sépare du comté de Provence (pour plus de 400 ans), n’y étant pas pour Rien !

Laissez-vous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision et nombre d’anecdotes. Lesquels, mieux qu’un cours magistral, vous feront appréhender au plus près l’histoire locale et éprouver la folle existence — quasi impensable à nos yeux du XXIe siècle — des populations des Alpes-Maritimes durant ces mille ans moyenâgeux !

Edmond Rossi, historien niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît parfaitement, nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l'histoire des Alpes-Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

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Auteur Edmond ROSSI

"ÉDITIONS DES RÉGIONALISMES"

Format | 16 x 24 cm

Nombre de pages 270

ISBN | 978-2-8240-0555-3

prix public ttc 23,50 €

illustrations en N. & B. & COULEUR

Chez vous dédicacé par l’auteur en contactant :

edmondrossi@orange.fr

De même, l’ouvrage est présent dans toutes les bonnes librairies ainsi qu’à la FNAC et chez Amazon.

Pour mieux situer le contexte historique qui prévalut à la présence des donjons et châteaux, reprenons l’analyse faite par J.C. Poteur, spécialiste de l’étude des châteaux forts de la Provence Orientale. Elle révèle deux grandes périodes de création castrale.

La première époque débute en 970, elle porte sur 140 édifices bâtis dans l’ensemble de la région au XIme siècle et sur une centaine dressés au XIIème siècle.

Il s’agit des premiers châteaux de peuplement, des castra qui préludent à la formation des seigneuries nées du partage du territoire par les compagnons d’armes de Guillaume le libérateur.

La seconde poussée s’opère entre 1173 et 1224 de la fin du XIIème siècle au début du XIIIème siècle, dans un contexte de guerre, avec là encore une centaine de créations consécutives aux affrontements destinés à soumettre l’aristocratie locale à l’autorité de l’état provençal. 80% de ces constructions militaires sont réalisées par le Comte ou ses alliés.

Les châteaux les plus anciens, conservés aujourd’hui, appartiennent à cette période.

Le conflit va se dérouler en quatre phases :

de 1176 à 1189, par la campagne éclair conduite contre les princes de Castellane, puis de 1196 à 1216, par la dure et ultime révolte qui embrase le diocèse d’Antibes et la région de Nice

Enfin, le Comte de Provence entreprend de 1227 à 1235 la conquête militaire de territoires restés rebelles à son autorité ou pactisant avec la République de Gênes.

Vers 1250, la majeure partie du Pays de Nice est soumise au Comte grâce à un puissant réseau castral.

Notons que le terme de donjon convient quelquefois mieux que celui de château, donjons quadrangulaires ou donjons-bastides, ces bâtiments habitables ne doivent pas être confondus avec les tours construites sur les remparts à usage purement miltaire.

Prochainement du même auteur et dans le même registre « Les Templiers dans les Alpes Maritimes et en Provence orientale » aux "Éditions Campanile"

09:12 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, Loisirs, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)

 

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08/04/2017

CÔTE D'AZUR: RETROUVEZ LES TEMPLIERS !

Remontons le temps grâce au livre de l’historien Edmond Rossi en retrouvant les sites hantés jadis par les célèbres Templiers.

LES TEMPLIERS

DANS LES ALPES MARITIMES

ET

EN PROVENCE ORIENTALE

Le mot de l'éditeur:

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes-Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen Age de ces fiers chevaliers. Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ? Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l'Ordre du Temple ? Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ? Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l'empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ? Les Templiers inspirent d'abord l'image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l'épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l'époque des Croisades. Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l'évocation de leurs richesses, pour s'obscurcir enfin dans l'épaisseur du mystère, avant de n'être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s'achève l'épopée des frères du Temple, accusés d'hérésie. Auteur de divers ouvrages traitant de l'Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, Niçois passionné par le passé et la mémoire d'une région qu'il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l'ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge. L'auteur : Edmond Rossi, né à Nice en 1932 a fait des études d'Histoire et d'Ethnologie régionale. Passionné par le passé de sa région, il rédige des articles sur l'Histoire des Alpes Maritimes, publiés dans le quotidien local Nice Matin. Installé à Saint-Laurent-du-Var, il effectue de 1975 à 1978 l'inventaire des monuments historiques de la commune. Ce travail de recherche l'entraîne sur la publication de nombreux ouvrages historiques sur les Alpes-Maritimes. Il a déjà publié aux éditions Campanile : « Histoires et légendes des balcons d'Azur ».

Ce livre format 15X24 abondamment illustré en couleurs de 250 pages au prix de 22€ sera chez vous, dédicacé, sur simple commande à :edmondrossi@orange.fr

Également présent dans toutes les bonnes librairies, à la FNAC et chez Amazon.

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01/12/2015

LA GAUDE LES ORIGINES HISTORIQUES

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UN CADRE HISTORIQUE FAIT DE RIVALITÉS ET DE CHÂTEAUX

 L’implantation des premiers châteaux dans la région va contribuer à la création et à l'affermissement du pouvoir provençal après 972 et l'expulsion des Sarrasins.

En 1112, le dernier Comte de la première dynastie laisse deux héritières. L'une épousera le Comte Saint Gilles, d'où sont issus les comtes de Toulouse et l'autre, le Comte de Barcelone d'où descendront les Rois d'Aragon. L'histoire du Languedoc, conditionnée par la rivalité de ses deux maisons, s'achèvera en 1213 par la bataille de Muret.

Les comtes catalans, après s'être imposés dans la Provence rhodanienne, tentent vers 1116 une avancée en Provence orientale, dans les évêchés de Fréjus, Antibes et Nice en s'appuyant sur des évêques réformateurs.

Au XIme siècle, deux grandes familles possèdent le Pays de Vence, elles sont originaires de l'autre extrémité de la Provence au-delà de la Durance, ce sont les Reillane-Vence et les Orange-Mévouillon, devenus Vicomtes de Nice.

A partir de 1030, ces deux familles avaient édifié huit forteresses qui leur permettaient de contrôler la région. Les Reillane sont présents dans l'antique cité de Vence, à La Gaude et à Gattières. Les Vicomtes de Nice s'installent dans le Haut Pays à Saint Laurent la Bastide, Andon, Majone (proche de Gréolières), Coursegoules, ainsi qu'au sud à Cagnes.

La révolte des seigneurs orientaux, opposés à la main mise du nouveau pouvoir comtal, va se manifester successivement en 1125-1128, 1143-1162. En 1176, alors que se construisent Cannes et Lérins, les Consulats de Grasse et de Nice sont confirmés.

Entre 1176 et 1179, la noblesse rebelle qui s'était alliée aux sires de Grasse, sera mise au pas par l'évêque d'Antibes qui soumet la frange côtière jusqu'à la seigneurie de Vence. Les forteresses de l'ennemi sont confisquées ou rasées. A la même époque, des soulèvements s'opèrent dans le diocèse de Fréjus.

Vers 1188-1189, plus au nord, une campagne éclair est durement conduite contre les Princes rebelles de Castellane. La rapidité et l'efficacité de cette opération aboutissent, après une vaine résistance à Salernes, au siège de la citadelle de Castellane.

C'est en 1189 à l'occasion d'un séjour à Nice que le Comte Alphonse 1er confirme le Consulat.

Après l'installation des Templiers à Grasse vers 1196, le Consulat de cette ville rencontre des difficultés avec les nobles du Haut Pays.

Les révoltes qui vont s'opérer contre le pouvoir comtal de 1196 à 1216 seront plus opiniâtres. Elles s'étendent d'abord de 1208 à 1213 du diocèse de Fréjus à celui d'Antibes, pour atteindre ensuite la région niçoise.

Ces opérations vont entraîner dans les deux camps la construction d'un total d'une douzaine de châteaux et la destruction d'une dizaine d'autres.

Après l'échec du parti génois à Nice en 1210, la ville entreprend une guerre contre Gênes. Le Comte lutte également contre Gênes de 1215 à 1218 et doit faire face à la révolte des Consulats de Nice et Grasse, il interviendra également à Vintimille dans le cadre de cette action.

De la fin du XIIème siècle au début du XIIIème, les Chevaliers de la Provence orientale mettront chaque fois à profit les difficultés du pouvoir central occupé ailleurs et, particulièrement au Languedoc, pour tenter de s'émanciper de sa tutelle. Ces engagements militaires aboutissent à l'édification de châteaux dits de siège, destinés à bloquer les forteresses des rebelles, ces châteaux sont tenus par des moines/soldats Hospitaliers ou Templiers, alliés loyaux du Comte, lui évitant d'amoindrir ses forces.

Les châteaux conquis ou construits par le Comte sont, après la bataille, attribués à des fidèles parmi lesquels les Ordres religieux et militaires, les abbayes et les évêques.

Dans le diocèse de Vence au début du XIIème siècle, après que Majone fut abandonné au profit de Gréolières et que soient créé Gaudelet (La Colle sur Loup) et Saint Paul, de nombreuses constructions s'opèrent d'une part au nord-est avec les châteaux de Carros, Olive et Dos Fraïres (Deux Frères) et à l'ouest avec Courmes, Tourrettes et Malvans et enfin au sud-est avec Agrimont vers l'embouchure du Var.

Les guerres entre les comtes de la Maison de Barcelone et la grande aristocratie provençale atteignent le Pays de Vence au début du XIIIème siècle, modifiant la répartition des châteaux.

Ainsi à Andon, une forteresse confiée aux Hospitaliers assiège le château rebelle d'Andon, bientôt abandonné par son seigneur qui construit à proximité sur le fief qu'il conserve. L'ancien site sera le futur Thorenc. Pareillement, le siège de Gréolières aboutit au partage de la seigneurie. Enfin, vers le bord méridional du Var, Agrimont détruit est remplacé par le château de Puget. De plus, Romée de Villeneuve, officier du Comte, installe dans le val de Cagnes la bastide de Cagnettes.

La partie méridionale du Pays de Vence est rapidement conquise par le Comte, refoulant les aristocrates résistants dans le Haut Pays sur des positions défensives le long du bord des plateaux. Là, s'établissent sur les hauteurs une ligne de points fortifiés antérieurs renforcés pour l'occasion : Olive, Saint Laurent la Bastide (Baou de Vence), Malvans, Courmes auxquels s'ajoute le Castellet bâti au-dessus de la vallée de la Cagnes au bord du Baou de Saint Jeannet.

Pour s'opposer à cette ligne de résistance, le Comte édifie autant de châteaux verrous : sous Olive il place Le Broc, face au Castellet, il dresse Saint Jeannet, devant Saint Laurent la Bastide et Malvans, il fortifie les églises de Saint Martin et de Notre Dame de Crottons à Vence, contre Courmes il installe les Courmettes. Ce blocus stratégique sera complété par Bézaudun, Bouyon et les Valettes (près de Tourrettes-sur-Loup) qui apparaissent à cette occasion.

Après la soumission totale de la région en 1231, le Comte confie l'ensemble du Pays de Vence au fidèle Romée de Villeneuve qui affirme son autorité sur le territoire, en bâtissant le prestigieux château qui portera son nom : celui de Villeneuve. A la mort de Romée en 1251, les castra de Villeneuve, du Loubet, de Cagnes, Cagnettes et du Gaudelet seront remis à Charles 1er, Comte de Provence.

Quinze châteaux ont été construits à l'occasion de la guerre de conquête, leur présence génère vingt sept seigneuries au milieu du XIIIème siècle.

Les crises du XIVème siècle vont vider certains villages comme Bouyon, Dos Fraïres, La Gaude, le Puget, Malvans, Courmettes qui ne seront plus recensés dans l'affouage de 1471. C'est aussi au XIVème siècle que le château de Trigans apparaît sur le territoire déserté de La Gaude. De même, au bord du Var, après la disparition du château de Puget, l'évêque de Vence, fondera en 1468 le nouveau village de Saint Laurent du Var autour de l'hospice du gué. Gaudelet va se détacher de Saint Paul pour former le village de La Colle.

Le XIVème siècle qui coïncide avec le règne de la Reine Jeanne, sera celui des destructions. Se succèdent la peste (1348-1350), le pillage des bandes armées (1357), la famine (1364), la guerre d'Union d'Aix (1383-1388), de nouvelles incursions de brigands et de pirates (1390-1400). Suivra une reprise de la peste milieu du XVme siècle de 1451 à 1470.

Après ces grandes périodes de troubles, le redressement débute dès le milieu du XVme siècle par la reconstruction et le repeuplement des villages inhabités de douze seigneuries des diocèses de Vence et Grasse. Entre 1460 et 1520, c'est un total d'une vingtaine de villages qui renaissent parmi lesquels La Napoule, Mons, Le Tignet, Cabris, Mouans-Sartoux, Vallauris, Valbonne, La Colle, La Gaude et Saint Laurent du Var.

DE « ALAGAUDA » À LA GAUDE

Bien exposé au midi sur une crête dominant la vallée de la Cagne, le village de La Gaude a longtemps hésité au cours des siècles sur un site propice à l'accueillir.

Sa division actuelle entre la haute Gaude, formant le village et la basse Gaude (ancien Trigans) épaulant la colline, atteste encore de cette indécision.

En 1033 et 1062, deux frères - Amic et Lambert de la Gauda - présumés appartenir à l’entourage des seigneurs de Vence, sont représentés comme nantis du fief et de son château primitif occupant le promontoire où s’élèvera la forteresse du XII siècle.

La première mention de Sainte Marie Alagauda avec sa villa (exploitation agricole) apparaît en 1075 dans le chartrier de l'abbaye de Saint Pons.

Un siècle plus tard, on retrouve le nom de La Gaude dans le cartulaire de Lérins qui fait état du don de Bertrand Elgibran aux abbés de Lérins de « terris cultis vel incultis quoe jacent territorio de Corsegolas, et in Buzido, et in Alagaudam » (25 août 1155).

Les habitants qui s'étaient réfugiés vers les hauteurs des Baous pour fuir au Xme siècle les attaques sarrasines reprennent alors possession des basses terres.

Le site d'Alagauda occupe le promontoire destiné plus tard à recevoir le château de La Gaude, curieusement situé aujourd'hui sur la commune de Saint Jeannet. La petite chapelle romane de San Peyre (Saint Pierre) proche de ce tertre devait en constituer l'église paroissiale.

Puis le 16 avril 1242, Guilhem d’Entrevennes, seigneur de Gattières, vend ses droits sur la place de La Gaude à Romée de Villeneuve, baron de Vence, dit Romée le Grand, fils de Giraud de Villeneuve, seigneur des Arcs

Ce premier castrum est confirmé au XIIIème siècle comme Alagauza (Liste des Castra dès 1226), cité en 1235 dans les Statuts de Fréjus, puis en 1251-52 (Enquête de Charles d'Anjou), il relèvera en 1325 de la circonscription administrative de Vence.

En 1250, Paul fils de Romée de Villeneuve devient Seigneur de La Gaude, de Saint-Jeannet et du Trigan. Dans la traduction de son testament, on peut lire: «j'institue formellement mon fils Paul comme mon héritier dans le castrum d'Alagauda et ses dépendances, à savoir le domaine de Saint-Jeannet et du Castellet, et la moitié du Trigan ».

Un acte d'habitation de 1338 laisse ensuite supposer que le castrum a été vidé de sa population après 1325.

Deux calamités sont envisageables : d'une part, l'épidémie de peste qui débute en 1327 et qui décimera la population du premier village d'Aspremont, situé en face d'Alaguaza sur la rive opposée du Var ou encore, la misère et la famine qui en 1330 emporte le tiers de la population du secteur, à la suite de la destruction des récoltes consécutives à six mois de pluie.

La renaissance sera de courte durée, car La Gaude est à nouveau portée "lieu inhabité" au ré-affouage de 1400 (Arch. des Bouches du Rhône B-199, f° XIX) laissant supposer la destruction de la communauté antérieurement à cette date.

Treize autres localités de la Viguerie de Grasse connaîtront le même sort. Un document de 1589 indique que vers 1390 La Gaude est "entièrement ruyné et déshabité à cause des guerres que les comtes de Provence avoient pour rayson du royaulme de Naples et de Cicille ». Il s’agit de la guerre de succession qui enflamme la région et les bords du Var après le décès de la Reine Jeanne.

L'historien local, Boniffacy, attribue à la peste un dépeuplement postérieur en 1470, ce qui n'explique pas sa destruction vers 1390.

Après une première épidémie de 1392 et 1416, la peste réapparait dans notre région frappant par intermittence de 1451 à i470 laissant des coupes sombres dans une population en voie de reconstruction à la suite de la guerre de succession de la reine Jeanne.

Dans son livre sur La Gaude l’historien Emile Boniffacy attribue (page 445) le dépeuplement de l’ancien castrum à la peste de 1470, ce qui n’explique pas sa destruction.

Le document cité décrit le lieu auparavant «habité » et sa « communauté et université régie et gouvernée par des consuls et conseils de la maison commune ».

La Gaude étant porté comme lieu « inhabité » à l’affouagement de 1400, on doit conclure à la destruction de cette communauté et à sa disparition antérieurement à cette date, probablement en 1390.

Les castra d'Alagauza, Triganza, Sancti Johannis (St Jeannet) occupent des lieux distincts sur un vaste territoire couvrant les deux communes actuelles de La Gaude et Saint Jeannet; elles vivront un destin commun dès le XIme siècle au sein d'une même seigneurie.

C’est après la destruction confirmée en 1470 que les rescapés de l’ancien Gauda s’installent dans le voisinage de Trigans où réside une communauté antérieure. Trigans, séparé par un vallon de l’ancien Gauda, est mentionné dès 1042 dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint Victor de Marseille. Contrairement à La Gaude qui est le centre de la seigneurie avec son château, Trigans se développe comme une dépendance citée en 1250 avec Saint Jeannet et le Castellet et encore en 1315 dans la liste des anciennes possessions de l'illustre Romée de Villeneuve.

Son essor est freiné par la crise du XIVème siècle et il accueillera à la fin du XVIème siècle, sur l'adret opposé, le nouveau et actuel bourg de la haute Gaude éloigné de son château seigneurial. La renaissance du village sera impulsée par un peuplement de colons génois (acte d’habitation de 1338), avant d'être confirmée en 1599 par Henri IV qui l'érigera en commune distincte de Saint Jeannet.

Le fief appartient dès 1231 à la famille de Villeneuve et accessoirement à ses diverses branches : Villeneuve-Vence, Villeneuve-Thorenc, Villeneuve-Tourrettes et temporairement aux Pisani et aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.

 

UN VILLAGE DISPARU ET UN CHÂTEAU DE LÉGENDES

Du village primitif de La Gaude proche du château, il ne subsiste que la Grande Bastide, ferme fortifiée du XIVème siècle au quartier du Touroun et la petite chapelle romane ruinée du XIme siècle. Le château du XIIème siècle a été remanié au XIVème siècle, restauré aux XVIIème et XVIIIème siècles puis transformé au XXme siècle.

Vaste parallélépipède, le château de La Gaude contrôlait dans le passé la croisée des chemins s'ouvrant vers la Provence après la traversée du Var. Carrefour de légendes et de mystères laissés par les occupants successifs de son site, ce vieux manoir va mourir et ressusciter périodiquement au fil de l'Histoire. Etabli dès le XIIème siècle, le château est conforté au XIIIème siècle à l'époque où s'illustra le brillant et puissant Romée de Villeneuve, Gouverneur de la Provence sous le règne du Comte de Provence, Raymond Bérenger V. En effet, fief de ce fameux Baron, le castrum de La Gaude apparaît en 1235 sur la liste des châteaux du bailliage de Fréjus. A sa mort, son fils Pierre de Villeneuve héritera de la seigneurie de La Gaude grâce à sa grand-mère, Aycarde de Castellane. Il remanie la forteresse en 1280.

Le château est cité en 1313 comme lieu où sera rédigé le testament de Pierre, fils de Romée de Villeneuve. C'est vraisemblablement là qu'il mourut, laissant le château à son fils Paul.

A nouveau cité en 1599 comme "détruit, razé et déshabité", le château aurait subi en 1391 le pillage de Raymond de Turenne puis ceux successifs des troupes de Charles Duras et de Charles Quint, victime de son rôle de sentinelle du gué de Gattières. En 1670, il renaît lorsque Claude de Villeneuve, devenu Marquis de La Gaude, le restaure pour posséder une résidence campagnarde digne de son titre de premier consul d'Aix et de syndic de la noblesse de Provence.

C'est là que les consuls de la communauté de La Gaude viennent prêter hommage en 1674. Nanti à partir de cette époque de domestiques et de fermiers, il retrouve son rôle stratégique lors des guerres de succession d'Autriche. On signale en 1744 ses planchers carrelés et un nouvel hommage prêté en ses murs en 1767, bien qu’il est était vendu aux enchères en 1760.

Puis plus rien, si ce n’est qu'il soit retombé en ruines à la fin du XVIIIème siècle après avoir changé plusieurs fois de propriétaires. Deux siècles passeront avant qu'il ne renaisse à nouveau de ses ruines à la suite d'un coup de cœur.

Passant un jour par-là, la star Viviane Romance, sensible aux lieux magiques, y consacra son temps et sa fortune pour en faire un temple œcuménique où pourraient se rencontrer les représentants des grandes religions monothéistes. Le projet n’aboutira pas avant son décès en 1991.

Récemment, le nouveau propriétaire, John Acevski, un producteur de cinéma, envisage un nouveau destin pour cette noble bâtisse. Une fois le château, à nouveau restauré et l’environnement réhabilité, il compte y accueillir des artistes peintres et sculpteurs du monde entier, dans ce « château Médicis à la campagne».

Propriété privée, le château peut être visité (il est situé à 5 km au nord-est de La Gaude).

 

Anecdote :

Avec Romée de Villeneuve, premier propriétaire du château, on touche à la légende lorsqu’après avoir réussi à réunifier la Provence, il parvient à conclure le mariage des quatre filles du Comte avec quatre princes régnants. "Les Quatre Reines" de la tradition sont :

  • Marguerite qui épousera Louis IX, Roi de France
  • Eléonore qui se maria avec Henri III d'Angleterre
  • Sancie ou Sancia, devenue femme de Richard de Cornouailles, Roi des Romains
  • Béatrix qui épousera Charles 1er d'Anjou, Roi de Naples, futur Comte de Provence à la mort de son beau-père

      Les suppositions abondent lorsqu'on sait qu'il fallut doter richement les quatre prétendantes pour réaliser ces alliances. Or, les caisses du Comte de Provence étaient vides et seul un miracle pouvait les remplir, ce miracle eut lieu justement dans le château de La Gaude où un obscur alchimiste catalan accomplit des jours durant la transformation du plomb en or.

  • Mais là ne s'arrêtent pas les mythes entourant le fabuleux château de La Gaude, s'y ajoute son éventuelle occupation par les célèbres Templiers. La polémique se poursuit depuis un siècle et demi pour savoir s'il faut ou non attribuer les ruines du château aux chevaliers au blanc manteau marqués de la croix rouge.

UN DESTIN COMMUN AVEC SAINT JEANNET

Au Xe siècle, le territoire de l'actuelle commune de Saint Jeannet se confond avec celui de La Gaude dont elle dépend.

L'ensemble est limité au nord par le plateau des Baous et à l'est par le vallon de Saint Estève vers le Var, à l'ouest par la Cagne et au sud par les terres de Cagnes et Saint Laurent. La séparation entre Saint Jeannet et La Gaude n'a lieu qu'en 1599.

Le Comte de Provence, après s'être rendu maître du bas Pays de Vence vers 1230, dresse une série de fortifications destinées à neutraliser les châteaux tenus par ses adversaires le long de la fracture géographique formée par les crêtes des Baous.

Face au Castellet investi par un opposant installé sur la seigneurie de La Gaude, il fortifie solidement une église dédiée à Saint Jean. Cette église vraisemblablement tenue par les Hospitaliers va devenir le noyau du castrum Sancti Johannis qui, après la victoire comtale vers 1230, sera attribuée en récompense au glorieux capitaine Romée de Villeneuve.

Le castrum est cité en 1232 (Liste des Castra), en 1235 dans les Statuts de Fréjus, puis en 1251-52 (Enquête de Charles d'Anjou) et enfin dans la circonscription administrative de Vence en 1325.

Un habitat se développe rapidement, soumis au même seigneur que celui de La Gaude, mais en 1388 La Gaude déserté doit être repeuplé, Saint Jeannet devient alors le centre de la seigneurie. D'après les affouages, la population passe au XVme siècle de 30 à 145 habitants, en comptant La Gaude. En 1471, on recense 110 bovins et 2400 moutons.

La renaissance de La Gaude au XVIème siècle dissociera les deux territoires. Ce découpage sans référence historique situe aujourd'hui le château de La Gaude sur la commune de Saint Jeannet !

Devenu un fief de la famille de Villeneuve, Saint Jeannet, nouveau centre de la seigneurie, se fortifie au XVme siècle. Des murailles sont élevées aux sorties des rues sur la campagne, quatre portes sont ensuite percées pour donner accès au village : ce sont les portes Sainte Barbe, du Verger, de Coutardy ou "sur le four" et celle de la Poudrière, les deux dernières existent encore de nos jours.

L'église Saint Jean Baptiste du XIIème siècle a été remaniée en 1490 et en 1666, fortifiée avec un bel appareil, elle a conservé un clocher-tour carré de 20 mètres tronqué, avec terrasses et murs crénelés, clochetons lombards à courtes pyramides en briques. Sa nef unique rappelle son origine romane.

 

LA GAUDE: UN FUNESTE REFUGE DE CATHARES

Tout au long du XIIe et XIIIe siècle, l’Eglise dut combattre des hérésies dont les plus importantes furent celles des Vaudois et des Cathares.

Les Cathares croyaient que le monde et la société étaient entièrement mauvais. Ils voulurent remplacer le christianisme par une autre religion et former une autre église.

L’Eglise de Rome mena contre eux, en Languedoc, une terrible croisade. Elle fonda ensuite pour lutter contre les hérétiques un tribunal spécial : l’Inquisition.

Le Catharisme se développe surtout en Italie du Nord et dans le sud de la France actuelle (Provence et Languedoc), le long des routes commerciales qui unissent ces régions aux Balkans byzantins, foyers de manichéens orientaux : les Bogomiles.

Les hérésies, devenant de véritables religions hostiles au christianisme, s’organisent en églises avec leurs rites et leur hiérarchie.

Il y eut des évêques cathares et un grand concile international cathare se tint en 1167 à Saint Félix de Caraman, près de Toulouse.

Cette véritable contre-église s’installe également en Provence orientale et eut à subir à la fin du XIIe siècle l’hostilité de l’église romaine, résolue à exterminer l’hérésie par la force.

L‘Eglise organise contre les Cathares du Midi de la France ou Albigeois, une lutte armée qu’elle reconnut comme une «croisade », avec tous les avantages matériels et spirituels qui s’y rattachaient. Encadrés par des légats pontificaux (moines et abbés cisterciens), les petits seigneurs et les aventuriers venus de la France du Nord surpeuplée, se ruèrent à l’assaut des riches terres et des villes du Languedoc.

La croisade ne mettant pas fin à l’hérésie, l’Eglise eut alors recours au tribunal de l’Inquisition, pour traquer et juger les hérétiques. Comme les accusés refusaient le plus souvent d’abjurer, l’Eglise les abandonnait alors au «bras séculier », c’est à dire aux autorités publiques et laïques qui étaient tenues de les châtier.

En France, la peine consistait le plus souvent à être brûlé vif.

Ces moments d’horreur de notre histoire ont laissé des traces dans les chroniques des Alpes Maritimes.

Surgi, près du château, le Castrum de Gauda sera d’après l'opinion de certains historiens, entièrement rasé à la suite de la résistance opposée par une bande d'Albigeois, réfugiés en ce lieu vers 1215.

« La Gaude ayant offert l'hospitalité aux Carthares, lors de leur massacre dans le Midi, fut punie de cette bonne action; on en rasa les murs et il ne resta debout que les ruines du vieux château, que l'on voit encore aujourd'hui et qui fut une habitation des Templiers. » selon Xavier Eyma, (Nice et les AIpes-Maritimes, I865).

Tisserand confirme dans son « Histoire de la cité de Nice et des Alpes-Maritimes, T. I, p. 183. » :

« Depuis la défaite de Muret, les bandes errantes des Albigeois couraient le pays. Le comte (Raymond Bérenger) leur donna vingt-quatre heures pour quitter la Provence, puis il les traqua partout. La Gaude, l'un de leurs repaires, fut incendiée ».

Cette destruction expliquerait le départ des rescapés plus au sud, où ils allèrent fonder, avec les habitants d'Alliganza (La Condamine), les deux hameaux de la Haute et de la Basse-Gaude.

La réunion des trois castrum formera le castrum de Triganza.

  1. Dailliez (Vence : un diocèse, une cité, un canton) signale que Guillaume Giraud, évêque de Vence de 1176 à 1193, s’attacha surtout comme le fit son prédécesseur Lambert «à combattre les hérétiques qui prêchaient leur doctrine dans le diocèse…Le diocèse de Vence avait ouvert ses portes aux Albigeois et aux Cathares qui commençaient à réunir quelques embryons de communautés à La Gaude et à Gattières ».

Plus loin l’auteur poursuit : « Romée de Villeneuve fut dans l’obligation de lutter contre les hérétiques. Venant d’Italie ou chassés par les barons du Nord, faisant la pluie et le beau temps dans le Languedoc, les Vaudois et les Cathares s’installent dans notre région et principalement à La Gaude. Une église est installée et nous trouvons mention d’un évêque cathare dans la région…Les archives inquisitoriales de Lombardie à Milan font état de quatre brûlements à Vence au lieu-dit l’Enfer, en présence de l’inquisiteur de Nice, frère Giacomo et de l’évêque du lieu le 19 juillet 1241. Il en sera de même à La Gaude et Gattières ».

La vocation cathare de La Gaude apparaît évidente à la lecture de ces documents, avec le cortège de persécutions qui en découlèrent.

 

LA PRÉSENCE MYTHIQUE DES TEMPLIERS À LA GAUDE

Dans sa monographie relative à Saint Jeannet, J.-E. Malaussène écrit : 

« Avec Tisserand et l'ensemble des historiens, nous estimons, pour notre part, que le château de La Gaude fut occupé par les Templiers. Les Templiers (ordre religieux et militaire, fondé en 1118 à Jérusalem pour combattre les Musulmans), qui comptèrent bientôt 9000 commanderies, divisées en neuf provinces, prirent position dans notre contrée et occupèrent presque tous les anciens postes romains. »

L’auteur cite ensuite Tisserand, (Histoire de Nice et des Alpes Maritimes)

« Sentinelles échelonnées sur les hauteurs, les Commanderies surveillaient le littoral et s'avertissaient par des feux. Au signal convenu, tous les chevaliers accouraient sur le rivage. Le Broc, Saint-Etienne, La Gaude, Gattières, Saint-Martin-de-Vence, Le Castellas de Roquefort, Biot, Grasse, Villefranche et Nice surtout étaient, dès 1137, d'importants établissements, comme le témoignent les ruines que nous en voyons.

On aperçoit encore sur leurs monuments la croix unie à l'étoile et au croissant. ".

Malaussène poursuit : « Tous les historiens du temps conviennent que cet Ordre, devenu tout-puissant par ses richesses, son ambition et son pouvoir inquiétait les souverains ».

Le « membre » de La Gaude consistait « en la moitié de la juridiction haute, moyenne et basse dudit lieu, l'autre moitié appartenant au seigneur de La Gaude, et à un four et un moulin banal, aussi en commun avec ledit seigneur de La Gaude et plusieurs censives et directes et un droit de pulvérage aussi en commun avec ledit seigneur de La Gaude et en quelques pièces de terre ». (A.D. H1506)

La passionnante aventure, des chevaliers de « la croix et des roses » en Pays Vençois mérite notre intérêt dans cette étude propre à La Gaude.

Ce territoire riche en possessions templières dépendantes de la commanderie de Vence, conserve encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

  1. A. Durbec qui fait autorité dans l’étude des Templiers dans les Alpes Maritimes, indique formellement, «qu’il n’est pas question des possessions du Temple dans le diocèse de Vence avant 1251 », bien qu’il reconnaisse des droits datant de 1235 pour le «castrum » du Broc.

Une découverte faite par L. Dailliez aux archives de la couronne de Savoie à Turin, nous permet d’en savoir plus, il s’agit d’un acte capital de 1195, établi par Pierre II Grimaldi évêque de Vence, donnant au frère Jean et à la milice de Jérusalem de Salomon, la seigneurie de la Bastide-Saint-Laurent et une maison située dans la ville, se réservant le cens annuel de 10 sous, un denier obole et 10 setiers de grains.

La date de l’installation des Templiers à Vence s’opère à la suite de la dernière invasion musulmane de 1190. Pour resituer la menace des Sarrasins dans les Alpes Maritimes, rappelons qu’après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734.

Les raids se poursuivent ensuite, avec une attaque sur Nice en 813.

Après avoir pris le pouvoir en 822, le comte Hugues d’Arles détruit l’armée sarrasine, avant de céder ses droits au duc de Bourgogne Rodolphe II. Les Sarrasins se regroupent alors dans la Basse Provence.

Commence à ce moment-là, une période sombre pour la Provence orientale qui durera presque un siècle de, 883 à 972.

Installés au Fraxinet (La Garde-Freinet) au- dessus du Golfe de Saint Tropez, au Cap Ferrat et à Eze, les Sarrasins opèrent dans toute la région, ravageant successivement Grasse, Nice, Cimiez, La Turbie et Vence.

« Lors de leur deuxième incursion, rapporte Tisserand, les Sarrasins se retranchèrent à Gourdon, à Gattières, à Carros, au Broc et au château des Gaudes. Un groupe de ces envahisseurs se fixa au quartier de La Maure, où il créa une colonie en s'unissant avec des femmes du lieu. »

Le comte d’Arles Guillaumes et son frère le marquis de Turin Arduin fédèrent les seigneurs locaux dans une sorte de croisade qui aboutit en 972-974, à l’expulsion définitive des Maures de leur repaire du Fraxinet.

Après cette glorieuse épopée, Guillaume dit «le libérateur » assoit son autorité sur une Provence indépendante en prenant le titre de marquis.

Mais la menace insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous, va se poursuivre par des raids surprises sur les côtes des Alpes Maritimes.

En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane.

L’incendie criminel de la cathédrale épiscopale d’Antibes en 1125, par les princes opposés à l’évêque, sera mis ensuite au compte des Sarrasins qui, donc, sévissaient encore dans la région.  

Durant tout le Moyen-Age, les inquiétantes felouques des flottilles sarrasines viendront depuis leurs bases espagnoles razzier sans vergogne le littoral des Alpes Maritimes.

L’apport odieux d’esclaves, femmes et enfants, enlevés sur la côte de Nice à Cannes, va constituer tout au long de ces siècles, un commerce florissant, propre à encourager la répétition d’attaques audacieuses dont il faudra se protéger.

Les Templiers vont accomplir la noble tâche de défendre le diocèse de Vence des possibles incursions sarrasines en occupant la Bastide-Saint Laurent, point stratégique admirablement situé sur le piton rocheux du Baou des Blancs, dominant la cité et les collines environnantes, jusqu’à la mer.

Rayonnant depuis cette position fortifiée sur toute la région, l’Ordre va acquérir de nombreux biens alentour, faisant de la commanderie de Vence une maison prospère qui détiendra jusqu’à 88 services dans le diocèse. Sa juridiction va s’étendre géographiquement des hauteurs dominant l’Esteron, jusqu’à la côte, limitée à l’Est par le Var et à l’Ouest par les rives du Loup.

Dans l’évêché de Vence, le rendement en espèces des tenures de l’Ordre s’élevait à 3 livres dont une livre et 4 sous à Vence, 1 livre et 10 deniers au Broc, 4 sous et 10 deniers à Tourrettes, etc… Seule, La Gaude fournissait ses prestations en nature, celles-ci modestes s’élevaient à 3 setiers et 3 émines d’avoine.

(Les biens des Templiers sont recensés dans les Archives Départementales de Nice et Marseille. Fonds de la Série H, H1507, 1508, 1509, 1510, 1511, 1513, 1520, H508, 516, 5268, 5270. Des Bouches du Rhône : Fonds de la Série B, 56H5268, 56H5269, 5267, 5203, 5204, 5315, B133, 153, 154, 314, 433, B4 fol 185).

Les biens de la maison de Vence vont être inventoriés lors de l’arrestation des Templiers en Provence. A cette occasion les représentants du Comte : Etienne de Vence, Bertrand Falcoz, Paul de Palena, Guillaume Mayfred et Guillaume Beroard de Vence visiteront le bailliage de Villeneuve.

Ne connaissant ni les membres ni les censitaires de l’Ordre, répartis dans le bailliage, les officiers de Villeneuve procédèrent à une criée en langue provençale, dans les diverses localités du diocèse de Vence, pour que les intéressés se présentent devant Guillaume Gaillard, châtelain de Villeneuve, jusqu’aux premiers jours de février. Cette mesure peu discrète alerta les derniers Templiers des lieux qui purent ainsi échapper aux sergents en armes.

Le recensement releva le 28 janvier 10 services à La Gaude,

Dans son «Atlas » L. Dailliez signale d’autres possessions dépendantes de la commanderie de Vence à Trigance (La Gaude).

Après avoir remis leur inventaire au Sénéchal, les envoyés du Comte de Provence nommèrent à Villeneuve Guillaume Beroard de Vence comme administrateur unique de l’ensemble des biens du bailliage.

  1. Dailliez précise que « après la suppression, les biens de Vence passèrent à l’évêché et au baron de Villeneuve qui se partageaient la seigneurie, en compagnie du chapitre canonial de la ville ». Ceux de La Gaude seront rattachés à la maison du Broc passée à l’Hôpital.

L’inventaire des biens de la commanderie de Vence, recensés dans de nombreuses localités a pu entraîner l’attribution abusive de certains monuments ou vestiges au bénéfice du Temple. La prudence et la rigueur historique imposent d’en vérifier l’authenticité, à la lumière des archives et des annales lorsqu’elles existent.

La Gaude avec son château et sa chapelle, aujourd’hui placés sur la commune de Saint Jeannet, a souvent été signalée (Moris, Raynaud, Boniffacy) comme le siège d’une commanderie templière.

A la saisie, précisons que le Temple comptait 5 services à La Gaude et à Trigance, en propre une terre en friche et 4 redevances et services fonciers.

Les possessions des Templiers à La Gaude inventoriées dans le procès-verbal de saisie des biens de l'Ordre en 1308, déposé aux archives des Bouches-du-Rhône, sont détaillées comme suit: « une terre en propre contigüe à celle de Guillaume d'Eze et Fulconis Augier et divers biens tenus en censives (redevance annuelle au propriétaire) par le même Guillaume d'Eze (damoiseau de La Gaude): un affar (ensemble de biens) au Trigans pour lequel il devait 3 setiers d'avoine et 1 albergue (au percepteur de Biot, à son compagnon et à 2 bêtes); Guillaume Gastaure: 1/3 d'albergue (idem ci-dessus); Guillaume Sigale: une partie non précisée des fruits récoltés dans l'année (une tasque, taxe qui variait de 6 % à 14 % de la récolte).»

Tous ces biens passèrent aux Hospitaliers de Saint-Jean qui les conservèrent un temps en censives puis les financèrent peu à peu au Baron de Vence, seigneur de La Gaude en 1540.

Signalons enfin, selon J.A. Durbec (« Nice Historique » juin 1983) que lors du recensement des biens des Hospitaliers en 1338, ceux que possédaient les Templiers à La Gaude avaient été rattachés au membre de « l’Hôpital » du Broc.

Ainsi, les Templiers et après eux les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem furent co-seigneurs de La Gaude jusqu'à cette date. Mais les Villeneuve étaient de plus loin les plus importants dès 1242. Ils finirent par racheter toutes les parts et furent rapidement le contribuable le plus imposé de la commune.

Les services qu’y détenait l’Ordre n’ont fait qu’attiser davantage une polémique qui mérite quelques explications.

Le médiéviste J.C. Poteur suppose l’existence d’un modeste château sur le site, dès le début du XIe siècle. Vers 1230, le Comte de Provence renforce le "castrum" de La Gaude, en édifiant une solide forteresse dont quelques structures sont encore apparentes dans le château actuel. Le fief est cédé à Romée de Villeneuve, il restera, avec des fortunes diverses, dans les mains de sa famille.

J.A. Durbec, spécialiste du Temple dans la région, signale que le château et la petite église romane San Peyre voisine, relevaient de « l’affar » (ensemble immobilier) que Guillaume d’Eze,  « domicellus » de La Gaude, possédait sous le « dominium » de l’Ordre. Il ajoute : « mais rien ne permet d’identifier avec certitude au moyen d’un signe de propriétaire ou autrement un seul de ces immeubles ».

Où certains ont vu un «un grand palais de Templiers », L. Dailliez plus formel, affirme : « Le château de La Gaude n’appartint jamais à l’Ordre du Temple…Les Templiers ne possédaient à La Gaude que six arpents de terre. ».

Plus nuancé E. Boniffacy, auteur d’une monographie très fouillée sur La Gaude, leur attribue l’église de Saint Peyre (Pierre), proche du château, à cause de ses ouvertures latérales caractéristiques et du choix de Pierre particulièrement vénéré par les Templiers. Cette ancienne bâtisse n’est plus aujourd’hui qu’une remise agricole sans prestige qui achève de se dégrader.

Le mystère des origines templières des deux édifices s’épaissit encore, lorsqu’on apprend que le 6 juillet 1338 une transaction s’opère au château,  «en la terrasse de Guillaume de Isia » (Guillaume d’Eze) attestant de la présence en ces lieux de l’intendant des biens du Temple.

Trente ans se sont écoulés depuis la rafle fatale aux Templiers, il semble que les biens qu’ils avaient affermés à ce personnage dont le château et l’église, aient été conservés par celui-ci probablement au bénéfice des Hospitaliers.

Là encore, la présence mythique des Templiers s’accompagne d’un trésor, propre à enflammer bien des imaginations et non des moindres, puisque l’une des derniers propriétaires des lieux, l’actrice Viviane Romance, nous avait confié avoir fait procéder à des sondages méthodiques, à l’occasion de l’importante restauration du château.

On peut encore attribuer aux Templiers ou à leurs successeurs la construction de La Grande Bastide ou Bastide de Véragaude, située au quartier des Gaudes, que beaucoup de gens, croyons-nous, ont confondue avec le château de La Gaude, situé à environ 700 mètres à l'Est. Cette belle construction était flanquée de deux tourelles rasées au XIXé siècle et d’un aqueduc, depuis longtemps disparu, qui y amenait les eaux de la source de la Billoire tarie lors du percement du tunnel du chemin de fer.

Signalons également la « Bastide » vaste construction ruinée, entièrement recouverte de lierre, appelée parfois « les Templiers » qui se trouve à l’extrémité de la voie Aurélia, à l’est du centre culturel de la Coupole.

  1. Boniffacy, dans un article intitulé « La Gaude autrefois » paru dans le bulletin municipal « ALAGAUDA » n°6 de 1990, recensait les pistes de sites archéologiques susceptibles de révéler une part d’histoire locale. Il indiquait à propos de la « Bastide » : « les abords de la construction entièrement recouverte de lierre, appelée parfois les Templiers… »

Rappelons que les Templiers ont toujours possédé les meilleures terres, pour y cultiver le plus souvent des céréales. Les vastes champs voisins de la « Bastide » (actuellement transformés en parking), situés à l’ouest de celle-ci, correspondraient à cette vocation.

Le hameau du Trigan avec son ancien « moulin à sang » (tracté par des ânes), encore dominé par les vestiges de sa citadelle médiévale confirme également ces hypothèses.

A l’occasion du prochain chantier de réhabilitation, « la Bastide  templière », toujours étrangement dissimulée sous les lierres, se décidera sans doute à nous révéler le secret de ses lointaines origines.

 EDMOND ROSSI

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