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20/10/2014

« LE LOUP INCARNATION DES FORCES DU MAL »

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L’animal est au centre des récits les plus effroyables qui étaient contés le soir au coin du feu.Edmond Rossi, auteur notamment de « Contes et Légendes du Pays d’Azur » (Éditions Sutton), revient sur les raisons d’une telle fascination. Passionné : Historien, écrivain, conteur, Edmond Rossi décortique les mythes véhiculés dans la région par la mémoire collective.

 Très tôt les hommes se sont organisés pour contrer les capacités de nuisance des loups. De quelle façon?

 Les premières battues remontent au temps de Charlemagne. A l'époque, un service spécifique avait même été créé avec, à sa tête, un Lieutenant de louveterie. L'idée étant, bien sûr, de protéger les troupeaux des assauts de cet animal sauvage. Les pâtres et les bergers étaient également des cibles idéales pour lui. Le loup aurait pris goût à la chair humaine au temps des guerres, sur les champs de bataille jalonnés par de nombreux cadavres. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs sites évoquent la présence ancienne de ces bêtes féroces. Comme le col de Gratteloup, ou encore cet énorme rocher, placé au bord d'un chemin, entre Villeneuve-d'Entraunes et Bantes, et surnommé « la peira déou loup» (la pierre du loup) depuis qu'un paysan, attaqué par une meute, s'est réfugié dessus.

 Quels sont les symboles et les croyances qui lui sont associés?

 Ici, comme un peu partout dans le monde, aussi bien chez les Amérindiens qu'en Asie ou en Europe, le loup incarne les forces du mal, le diable, un monstre aux pouvoirs décuplés. Le territoire escarpé du haut pays niçois, avec ses bois sombres et ses vallées encaissées, offre un décor propice aux histoires les plus terrifiantes. Le fait que le loup agisse la plupart du temps la nuit leur donne une dimension encore plus inquiétante. Tous ces récits ont pour but de conjurer le sort, d'exorciser la peur, car on tient éloigné ce qui nous angoisse en mettant des mots dessus. Le loup a également inspiré de nombreuses expressions imagées : « hurler avec les loups », « être connu comme le loup blanc », « quand on parle du loup, on en voit la queue», « l’homme est un loup pour l 'homme », « enfermer le loup dans la bergerie »…

 Son image semble avoir évoluée. Le loup serait-il en voie de réhabilitation?

 La convention de Berne, ratifiée en 1979 et transcrite dans le droit français en 1989, a fait du loup une espèce protégée. Le succès de certains parcs animaliers spécialisés montre bien à quel point il a conservé son pouvoir de fascination, même si la guerre fait rage entre ses détracteurs et ses défenseurs. La récente réapparition de loups sauvages dans le massif du Mercantour oppose régulièrement les écologistes, pour qui ce prédateur naturel est indispensable à la préservation de l'écosystème, et certaines corporations, comme celle des bergers, qui craignent pour leurs troupeaux. Notre territoire n'échappe pas à cette polémique, puisque les Alpes ­Maritimes recensent 40 % des attaques en France. En 2013, près de 2500brebis y ont été tuées. De quoi continuer à alimenter les légendes.

 Amandine HIRROU « L’Express » N° 3302 / 15 octobre 2014

Pour en savoir plus, lire le livre "Histoires de Loups en Pays d'Azur" à commander directement avec dédicace à edmondrossi@wanadoo.fr

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10/10/2014

LE LOGO DE SAINT LAURENT DU VAR "PORTE DE FRANCE"

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Le 13 juin, le nouveau maire de saint Laurent du Var, Joseph Ségura a présenté en Mairie le logo de Saint Laurent, inspiré de son titre de « Porte de France » emblème historique de la commune.

L’occasion pour l’historien Edmond Rossi de rappeler la signification de ce titre glorieux.

« POURQUOI SAINT LAURENT DU VAR FUT NOMMÉE LA « PORTE DE FRANCE » ?

Le vieux village de Saint Laurent a été ceinturé de rempart dès le XVIIème siècle, pour mieux répondre à son rôle de sentinelle dressée au bord du Var à l’extrémité du royaume de France face au Comté de Nice dépendant des états de Savoie.

Enserré dans ses défenses le bourg se présentait comme un quadrilatère protégé de plus par quatre tours d’angle, il s’ouvrait à la circulation par deux accès principaux orientés d’ouest en est, depuis l’intérieur de la Provence, vers le Var servant de frontière naturelle.

La traversée du  fleuve à gué permettez d’accéder sur la rive savoyarde, jusqu’à l’édification d’un pont en 1792.

Place Saint Antoine au début de l’actuelle rue Desjobert s’ouvrait la « Porte de France » solidement fortifiée d’une tour, sur l’emplacement du parapet, le « barri » d’aujourd’hui.

A cette époque, une tour s'élevait à l'emplacement de l'actuel parapet: « lou barri », où l'on commente encore l'actualité de ce pittoresque quartier.

Un poste de gendarmerie militaire occupait le magasin à l'angle sud jusqu'à l'ouverture du pont à la Révolution.

La rue Desjobert formait l'axe principal du bourg « la grande rue» avant le XIXème siècle. Là s'écoulait le flot coloré et bruyant des véhicules et des voyageurs transitant le long de la Côte par les bords du Var.

Les chroniques citent cette porte à propos d’un épisode guerrier du XVIIIème siècle. Personnage historique à plus d'un titre, le prieur du lieu Honoré Geoffroy eut maille à partir avec la soldatesque savoyarde.

Tout débute le 8 janvier 1704, il fut alors bousculé et injurié par une troupe venue de Nice venger le sac de 1692. Ils embarquèrent 30 soldats français (7 se noyèrent au retour) ainsi que le seigneur et les notables. Le château et l'hospice furent pillés. Par un froid rigoureux, les habitants refusant de payer la contribution exigée par l'ennemi furent, femmes comprises, attachés nus à des arbres et exposés à la neige.

Plus tard, le 11 juillet 1704, Honoré Geoffroy sauva Saint ­Laurent des flammes, à l'exemple de Sainte-Geneviève pour Paris. Les paysans ayant tous (excepté deux) fui devant l'arrivée des Savoyards et des Impériaux qui « pétardèrent la porte Saint-Antoine » la fameuse « Porte de France ». Seul il fit face courageusement aux envahisseurs, et par sa prière, sauva Saint-Laurent.

Au XIXème siècle, l’installation d’un pont sur le Var au sud du village va détourner le trafic au détriment de la « Porte de France », de sa « grande rue » et du passage à gué du Var au bas de celle-ci.

Saint Laurent du Var restera néanmoins la « Porte de France » jusqu’en 1860 où le Comté de Nice votera son rattachement à la France.

Aujourd’hui, fidèle à son glorieux passé de vigilante avant-garde de la France au bord du Var, Saint Laurent conserve sa renommée de « Porte de France » jusque dans sa devise en forme de défi : « Digou li que vengoun ! Dis-leur de venir ! »

Edmond ROSSI

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