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10/01/2011

A LA RENCONTRE DE…EDMOND ROSSI, UN ÉCRIVAIN PASSIONNÉ DE L’HISTOIRE LOCALE ET RÉGIONALE

COUVERTURE DE SAINT LAURENT PORTE DE FRANCE.jpg

A quelques jours de la sortie du nouveau livre de M. Edmond Rossi : « Saint Laurent, porte de France », nous avons rencontré l’écrivain qui a répondu avec sa gentillesse coutumière, à nos questions.

Pourquoi un nouveau livre ? 

Niçois, fixé depuis vingt cinq ans à Saint Laurent du Var, j’ai toujours été attiré par la réalité humaine de mon nouveau milieu. Je pense que la meilleure façon de comprendre l’évolution de notre société et le comportement humain actuel c’est de se retourner vers nos origines. Cette démarche m’a entraîné à me pencher sur les traces du  passé pour y rechercher notre identité et peut-être l'explication de notre futur. Pas à pas, j’ai remonté le temps et accumulé une somme d’informations historiques.

« Lorsqu'en 1977, le Conservatoire des antiquités et objets d'art des Alpes-Maritimes

 m'a proposé d'effectuer le pré inventaire des richesses artistiques de la commune; mon travail a débouché sur des données  pratiques passionnantes. Parallèlement, je conduisais mes recherches sur le mystère archéologique de la Vallée des Merveilles, panthéon préhistorique du pays niçois. Un ouvrage devait naître de cette entreprise :

« Fantastique Vallée des Merveilles, le testament du mont Bégo » publié l’an dernier aux Editions Robert Laffont. L’accueil favorable de la critique à ce premier livre m'a encouragé à faire éditer les travaux historiques amassés sur Saint Laurent du Var depuis plusieurs années.

En dehors de la recherche et d’écrire des livres quelles sont vos distractions ?

Mes distractions limitées, sont toujours plus ou moins dépendantes de mes recherches, la randonnée pédestre en constitue l’essentiel ; Au hasard de mes marches en montagne, dans ce haut pays qui nous sert de toile de fond, j’ai eu le plaisir de poser mes pas dans les empreintes de ceux laissés par nos ancêtres. Que de découvertes vivantes du passé ne fait-on pas le long de ces sen­tiers abandonné ! La nature épargnée porte  encore à chaque détour de chemin, mille

témoignages d'un monde oublié prêt a revivre dans notre mémoire.

Quelle est selon vous la plus belle qualité d’un historien?

J’ai le privilège de connaître depuis l’enfance le romancier et historien Max Gallo
qui m’a fait découvrir et aimer l'histoire. Il m'a appris que la première qualité d’un historien doit être sa capacité à entrer en sympathie avec les hommes et les mœurs
du passé.

Le plus vilain défaut ?

-Travestir la vérité au profit de théories partisanes retire toute crédibilité au travail historique. Une autre altération peut affecter le témoignage: la déformation au profit du sensationnel. Le lecteur se laisse facilement séduire par ce procédé, oubliant qu'il rêve sur une version romancée de l’histoire.

Quel est votre plus beau souvenir ?

- Voici quelques années j'étudiais une vingtaine de parchemins de 1266 à 1621, qui constituent « La Charte de l’Esteron ». Un village aujourd’hui disparu et peuplé d’une centaine d’habitants, la Caïnée, y était à plusieurs fois mentionné avec son moulin, son four, sa forge et même son pilori ! Le dernier dénom­brement de 1765 signalait 24 maisons et 153 habitants, puis plus rien. Je décidais de mener mon enquête et, de localiser sur le terrain ce village fantôme. Des témoignages et d'anciennes cartes géographiques me permirent de le retrouver. J'eus alors la satisfaction de découvrir quelques amas de ruines envahit par les ronces, des pans de murs entourant un étroit cimetière, tout ce qui restait d'un village jadis prospère.

Votre plus mauvais souvenir ?

- C'est certainement une de mes visites de la Vallée des Merveilles, un week-end de 15 août. Alors que je grimpais vers la célèbre vallée, je croisais des files de visiteurs, transistors hurlant au bras, chaussés de talons aiguilles, allant vers je ne sais quel Luna-Park. J'avoue n'avoir pas eu la curiosité de le leur demander.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune passionné d'histoire voulant devenir écrivain ?

Comme j'écris par plaisir, je ne me juge pas assez qualifié pour donner des conseils. Il me semble que l’important c’est d'avoir une idée précise de son but.

Quelle est votre devise ?

- Elle se résume par un seul mot espérer. Grâce à elle, j’apprends la patience et j'évite, les désillusions.

Avez vous fait des rencontres ?

- Dans l’histoire de Saint Laurent j’ai croisé des personnages fascinants. Je pense en particulier à Honoré Geoffroy, ce curé du XVIIIe siècle, tour à tour faible et héroïque, à Antoine Castillon, cet Instituteur qui ensei­gna pendant tout le XIXe siècle, à travers' les contradictions de quatre régimes politiques successifs ! Une rencontre inoubliable pour moi, reste celle de Claude Manceron, l’auteur de la grande fresque historique des « Hommes de la liberté ». Le contact avec un tel homme est un enrichissement du cœur et de l’esprit. Plus modestement, il m'est arrivé aussi au cours de mes prome­nades dans les solitudes alpestres, de partager l'étape avec des berger taciturnes, vivant à l'écart du monde. Les quelques paroles échangées, retrouvaient alors toute la simplicité des origines.

Quel est le don dé la nature que vous-souhaiteriez avoir ?

Savoir traduire les émotions et les espoirs des petites gens qui ont fait l’histoire. Transmettre aussi mon amour pour la vie rude des hommes de notre terroir, qui tout au long du passé ont construit notre mémoire…

 

Recueilli par Georges Lalli

Nice Matin du 17-03-1980