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30/01/2011

"HISTOIRES ET LÉGENDES DU PAYS D'AZUR" D'EDMOND ROSSI

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Le passé ressuscité

Il existe bien des façons de s'intéresser au passé. L'His­toire, avec un grand H, qu'on apprend dans les manuels étanche imparfaitement cette soif. Les ouvragea analytiques, pour leur part, répondent assez mal à une 'curiosité qui, le plus souvent, se porte bien au-delà des dates, des sei­gneurs de la guerre et des bouleversements politiques. C'est en cela que le livre «His­toires et légendes du pays d'Azur» d'Edmond Rossi (Editions du Cabri) ré­pond à cette quête dans le substrat temporel d'un terroir qui nous est familier. Page après page revivent des sites, des figures, des personnages, s'expliquent des énigmes, prennent formes des épi­sodes. Il ne s'agit pas d'oppo­ser ici l'Histoire avec majus­cule et les histoires, en établissant une hiérarchie. La première est fille des se­condes.

C'est bien ce dont on prend conscience, pour peu qu'on ne l'ait déjà fait, en revivant le fait d'armes qui, en 1642, a rendu immortelle Catherine Ségurane, mais bien plus en­core quand, livre en main, on ira retrouver sur le baou de la Gaude le chêne Daumas plu­sieurs fois millénaire, qui a vu les allées et venues de Ligures et garde leur secret...

Une richesse d'observations se développe dans cet ou­vrage où l'on découvre que les vestiges laissés par les siè­cles sont encore partout. Il suffit de garder les yeux ou­verts. Ce sont les "castellaras" installés sur les crêtes, les têtes anthropomorphes qu'on retrouve encore dans plu­sieurs vallées, la mystérieuse pyramide de Falicon...

Ce livre, imprégné d'autant de rigueur que d'amour du terroir, a le rare mérite de ressusciter des tranches de passé dans lesquelles on se trouve transporté comme si l'on assistait à un spectacle. Ainsi, le procès intenté en 1608 devant le tribunal diocé­sain aux chenilles qui ravageaient les cultures de Contes (avec citation à comparaître...) ne manque pas de sel. Pareil­lement, les aventures des bri­gands de la Gerbasse, dissi­dents de la sinistre bande des Adrets à la fin du XVIII° siècle, valent tous les westerns.

Du roman ? Peut-être. De la fiction ? En aucun cas. L'his­toire des Barbets en témoi­gne, chouans montagnards qu'on n'arrive pas à trouver antipathiques dans leur sauva­gerie. Et pour les amoureux de ces temps qui continuent à imprégner certains paysages, c'est aussi le point qui est fait par l'auteur de tous les vil­lages endormis, ruinés, effon­drés par tous les agents cata­clysmiques ou humains, ou pour d'autres raisons à jamais ignorées, Roccasparviera, Chateauneuf, Séranon le Vieux, Saint-Laurent-la-Bas­tide, Glandèves, Cainée ou en­core cet ancien village sans nom, près de Courmes, qui n'à laissé aucune trace dans l'Histoire, mais où un donjon continue à dominer un ensem­ble de maisons à l'état de ves­tiges... Qui donc vivait là ?

Ruines muettes et par là même troublantes, elles constituent l'exemple rare d'une énigme à déchiffrer.

Ce sont là quelques aspects de ce livre où le passé brûle de vie.

Jean Magnet (NICE MATIN)

Ce livre est disponible dédicacé au prix de 15€ en téléphonant au 04 93 24 86 55

20/01/2011

"ENTRE NEIGE ET SOLEIL" D'EDMOND ROSSI

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LIRE :“ENTRE NEIGE ET SOLEIL” D’EDMOND ROSSI

Il fallait que cela soit écrit et que ne se perde. Les récits à la veillée bien avant la télévision et ses blocages, ont occupé des siècles de soirées. Authentiques ou non –

Il fallait bien parfois enjoliver la réalité pour la rendre pathétique – ces histoires font partie d’un fond commun que nos anciens connaissaient pour les avoir apprises eux même de leurs anciens. Le risque était grand qu‘on les oublie à notre époque de média et d’audiovisuel.

Mais aussi il fallait un amoureux du terroir, enraciné comme l'est Edmond Rossi, pour leur éviter le naufrage : c’est ce qu’il fait dans son livre « Entre neige et soleil »

dont le sous-titre explicatif est « Contes et légendes de Nice et sa région ». On n'a pas oublié du même auteur, «  Les Vallées du soleil » (Editions Robert Laffont), véritable, somme de connaissances régionales et ouvrage de référence traité un peu à la Bosco. Mais cette fois, Edmond Rossi, sans renier la rigueur historique qui est la sienne, cède un peu plus à l’humanisme, voire au lyrisme.

Son livre de contes et de légendes nous transporté dans cet espace qui va de la mer aux cimes, un pays qu'il connaît pierre par pierre pour l'avoir parcouru dans tous les sens à pied : exploit devenu rare de nos jours car il est de la même trempe que le chevalier de Cessole, pionnier et découvreur. Et sa curiosité sans borne l'a conduit à connaître les gens et les aimer. C'est donc le résultat de cette longue pratique, qu'on

trouve dans ce livre qui s’anime de noms connus de ceux qui fréquentent la vallée de la Tinée, ou la Bévéra, ou le Val d'Entraunes. Les strates du temps s’effacent et le passé redevient présent, comme, à l'époque où Auguste Martin de Bousiéyas, se souvenait, pour nous de vieilles.affaires qui avalent 'mobilisé les esprits à un moment qu'on ne savait pas toujours bien situer.

Il faut lire ce livre où l’on apprend tout de Roccasparviera, le village maudit entre Vésubie et Paillon, sur la révolte du  clergé montagnard pendant la Révolution... sur les usages quelque peu sorciers qui survivaient naguère encore (ont-ils vraiment encore vraiment disparu?), sur les vielleux et les montreurs de marmottes qui apportaient la distraction dans les villages, sur les bandits de grand chemin qui attendaient les voyageurs au détour d'un sentier, sur les drames du haut pays aux hivers redoutables, sur tous les us disparus sinon, dans la mémoire de quelques-uns.

Edmond Rossi est de la race de ses anciens conteurs auxquels il emprunte à la fois leur verve et leur tendresse leur sens du « suspens », comme on dirait aujourd’hui. Les gens vivent, parlent leur langage, se montrent, gais ou tristes, meurent  sont émouvants. On ne saurait vivre en pays de Nice sans avoir lu ce livre.

 

Jean MAGNET (NICE MATIN)

 

« Entre neige et soleil, Contes et légendes de Nice et sa région » Editions Alp’Azur

Ce livre est disponible dédicacé au prix de 10€ en téléphonant au 04 93 24 86 55

10/01/2011

A LA RENCONTRE DE…EDMOND ROSSI, UN ÉCRIVAIN PASSIONNÉ DE L’HISTOIRE LOCALE ET RÉGIONALE

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A quelques jours de la sortie du nouveau livre de M. Edmond Rossi : « Saint Laurent, porte de France », nous avons rencontré l’écrivain qui a répondu avec sa gentillesse coutumière, à nos questions.

Pourquoi un nouveau livre ? 

Niçois, fixé depuis vingt cinq ans à Saint Laurent du Var, j’ai toujours été attiré par la réalité humaine de mon nouveau milieu. Je pense que la meilleure façon de comprendre l’évolution de notre société et le comportement humain actuel c’est de se retourner vers nos origines. Cette démarche m’a entraîné à me pencher sur les traces du  passé pour y rechercher notre identité et peut-être l'explication de notre futur. Pas à pas, j’ai remonté le temps et accumulé une somme d’informations historiques.

« Lorsqu'en 1977, le Conservatoire des antiquités et objets d'art des Alpes-Maritimes

 m'a proposé d'effectuer le pré inventaire des richesses artistiques de la commune; mon travail a débouché sur des données  pratiques passionnantes. Parallèlement, je conduisais mes recherches sur le mystère archéologique de la Vallée des Merveilles, panthéon préhistorique du pays niçois. Un ouvrage devait naître de cette entreprise :

« Fantastique Vallée des Merveilles, le testament du mont Bégo » publié l’an dernier aux Editions Robert Laffont. L’accueil favorable de la critique à ce premier livre m'a encouragé à faire éditer les travaux historiques amassés sur Saint Laurent du Var depuis plusieurs années.

En dehors de la recherche et d’écrire des livres quelles sont vos distractions ?

Mes distractions limitées, sont toujours plus ou moins dépendantes de mes recherches, la randonnée pédestre en constitue l’essentiel ; Au hasard de mes marches en montagne, dans ce haut pays qui nous sert de toile de fond, j’ai eu le plaisir de poser mes pas dans les empreintes de ceux laissés par nos ancêtres. Que de découvertes vivantes du passé ne fait-on pas le long de ces sen­tiers abandonné ! La nature épargnée porte  encore à chaque détour de chemin, mille

témoignages d'un monde oublié prêt a revivre dans notre mémoire.

Quelle est selon vous la plus belle qualité d’un historien?

J’ai le privilège de connaître depuis l’enfance le romancier et historien Max Gallo
qui m’a fait découvrir et aimer l'histoire. Il m'a appris que la première qualité d’un historien doit être sa capacité à entrer en sympathie avec les hommes et les mœurs
du passé.

Le plus vilain défaut ?

-Travestir la vérité au profit de théories partisanes retire toute crédibilité au travail historique. Une autre altération peut affecter le témoignage: la déformation au profit du sensationnel. Le lecteur se laisse facilement séduire par ce procédé, oubliant qu'il rêve sur une version romancée de l’histoire.

Quel est votre plus beau souvenir ?

- Voici quelques années j'étudiais une vingtaine de parchemins de 1266 à 1621, qui constituent « La Charte de l’Esteron ». Un village aujourd’hui disparu et peuplé d’une centaine d’habitants, la Caïnée, y était à plusieurs fois mentionné avec son moulin, son four, sa forge et même son pilori ! Le dernier dénom­brement de 1765 signalait 24 maisons et 153 habitants, puis plus rien. Je décidais de mener mon enquête et, de localiser sur le terrain ce village fantôme. Des témoignages et d'anciennes cartes géographiques me permirent de le retrouver. J'eus alors la satisfaction de découvrir quelques amas de ruines envahit par les ronces, des pans de murs entourant un étroit cimetière, tout ce qui restait d'un village jadis prospère.

Votre plus mauvais souvenir ?

- C'est certainement une de mes visites de la Vallée des Merveilles, un week-end de 15 août. Alors que je grimpais vers la célèbre vallée, je croisais des files de visiteurs, transistors hurlant au bras, chaussés de talons aiguilles, allant vers je ne sais quel Luna-Park. J'avoue n'avoir pas eu la curiosité de le leur demander.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune passionné d'histoire voulant devenir écrivain ?

Comme j'écris par plaisir, je ne me juge pas assez qualifié pour donner des conseils. Il me semble que l’important c’est d'avoir une idée précise de son but.

Quelle est votre devise ?

- Elle se résume par un seul mot espérer. Grâce à elle, j’apprends la patience et j'évite, les désillusions.

Avez vous fait des rencontres ?

- Dans l’histoire de Saint Laurent j’ai croisé des personnages fascinants. Je pense en particulier à Honoré Geoffroy, ce curé du XVIIIe siècle, tour à tour faible et héroïque, à Antoine Castillon, cet Instituteur qui ensei­gna pendant tout le XIXe siècle, à travers' les contradictions de quatre régimes politiques successifs ! Une rencontre inoubliable pour moi, reste celle de Claude Manceron, l’auteur de la grande fresque historique des « Hommes de la liberté ». Le contact avec un tel homme est un enrichissement du cœur et de l’esprit. Plus modestement, il m'est arrivé aussi au cours de mes prome­nades dans les solitudes alpestres, de partager l'étape avec des berger taciturnes, vivant à l'écart du monde. Les quelques paroles échangées, retrouvaient alors toute la simplicité des origines.

Quel est le don dé la nature que vous-souhaiteriez avoir ?

Savoir traduire les émotions et les espoirs des petites gens qui ont fait l’histoire. Transmettre aussi mon amour pour la vie rude des hommes de notre terroir, qui tout au long du passé ont construit notre mémoire…

 

Recueilli par Georges Lalli

Nice Matin du 17-03-1980